L’établissement des Soeurs de St Joseph à Beauzac date de la fin du XVII° siècle. La maison est donc l’une des plus anciennes de la Congrégation.

L’acte où se trouve consigné cette fondation existe encore dans un vieux registre précieusement conservé par la communauté.

En première page de ce registre nous lisons en effet que les sœurs ont été “establies par l’Authorité de Monseigneur l’Illustrissime et Révérendissime Armand de Béthune Evesque et Seigneur du Puy, et à la requête de Messire Jean de Cusson et de Dame Justine du Pastural, Seigneur et Dame de Beauzac, l’an mille-six-cent-soixante-seize.”

De 1676 à 1790, 36 jeunes filles originaires de la paroisse de Beauzac et des paroisses voisines demanderont d’être reçues dans la communauté. Nous savons par un document de 1791 que les sœurs de St Joseph de Beauzac possédaient une salle d’instruction pour faire la classe, elles devaient donc bien, depuis plusieurs années déjà, dispenser leur savoir aux enfants de Beauzac.

De 1790 à 1805 aucune entrée en religion n’est mentionnée sur le registre. La Révolution a chassé les religieuses de leur couvent. Le 25 juin 1793, un arrêté du Directoire départemental prescrivait aux municipalités d’expulser de leurs maisons les ci-devant sœurs de St Joseph, les Béates, les prêtres. Le 10 mars et le 13 avril 1791 le Pape Pie VI condamne sans ambiguïté la constitution civile du clergé. Beaucoup de prêtres qui avaient prêté serment se rétractent pour obéir au Souverain Pontife. Le premier prêtre du diocèse du Puy à monter sur l’échafaud était originaire de Besses, paroisse de St Pierre Duchamp, l’Abbé Jean Mathieu Vassel. Les sœurs de Beauzac comme la plupart des religieuses du Velay vont quitter leur maison pour se réfugier dans leur famille ou dans un lieu plus sûr. Elles ont refusé de prêter serment à la constitution et elles sont donc expulsées par la municipalité de Beauzac. Seule sœur St Augustin qui elle avait prêté serment fut autorisée à rester, mais jugée incapable de faire la classe. Dans la délibération du Conseil municipal de Beauzac du 3 juin 1791, il est dit que devant le refus de prestation de serment à la Constitution, les sœurs avaient renoncé à l’instruction de la jeunesse. Donc pendant quelques années il n’y eut plus d’école St Joseph à Beauzac. La prudence des sœurs ne les sauvait pas toujours. Quelquefois, ne pouvant résister au plaisir de revoir leur maison, elles s’exposaient au danger d’être découvertes. C’est ainsi qu’une première perquisition fit une victime, une seconde en rafla trois autres et trois mois plus tard les trois dernières eurent la candeur de se présenter elles-mêmes au geôlier de Montferrand (St Didier la Séauve).

La communauté et l’école durent se développer car le 24 septembre 1807, les sœurs achètent le château féodal à Laurent Sylvain Colomb de Latour de Beauzac.

Jusqu’en 1825, date de la loi de Charles X sur les congrégations féminines, les communautés des sœurs de St Joseph étaient autonomes. Bien qu’ayant les mêmes constitutions et la même spiritualité, chaque maison formait ses novices et assurait la gestion de ses biens. A partir de l’ordonnance de 1827 qui fait de la Maison du Puy la Maison Mère des 59 communautés du département, il va s’organiser une première ébauche du généralat, Mgr Darcimoles lui donnant son existence canonique en 1844.

Les sœurs St joseph prodiguèrent sans soute sans discontinuer, l’instruction aux enfants de Beauzac, mais ceux-ci étant de plus en plus nombreux, les locaux ne furent plus adaptés. Il fallait donc bâtir une nouvelle école. Cette école, l’actuelle maison St Régis, fut construite par une convention passée entre Dame Giraud Rosalie, sœur Rosalie, religieuse de l’instruction, agissant comme fondée de pouvoir de la communauté des dames de l’instruction du Puy – ordre des béates – et Ms Granger Jean et Granger Jean Claude entrepreneurs à Beauzac, le 13 octobre 1867. Comme les maisons des Assemblées dans les villages de Beauzac, cette maison dût servir à l’instruction des enfants du bourg, nous n’avons pas d’autres renseignements. Par la suite cette maison fut tenue par des frères des Ecoles Chrétiennes, ceux-ci faisant l’école aux garçons et les sœurs de St Joseph aux filles, avec en plus une maternelle.

Dans la seconde moitié du XIX° siècle, l’ordonnance de Napoléon III reconnaît les sœurs St Joseph du Puy comme hospitalières et enseignantes. Viennent ensuite les lois laïques qui sèmeront bien des obstacles et causeront bien des tracas aux écoles libres. La loi de 1904 supprime les congrégations enseignantes et ferme leurs écoles. Que faire ? Faut-il abandonner les enfants qu’elles instruisent ? Leur zèle leur fera accepter le sacrifice d’une sécularisation officielle. Les frères, quant à eux durent partir ils furent alors remplacés par des sœurs de St Joseph sécularisées rattachées à la communauté de Beauzac. Elles assuraient l’instruction des filles seulement. De ce fait les garçons durent aller à l’école publique dirigée par Mr Saby directeur et ancien secrétaire de Mairie de Beauzac et Mr Joseph Boudon. Un autre ancien instituteur laïque de Beauzac donnait des cours pour ceux qui désiraient poursuivre leurs études soit sur le brevet soit à un plus haut niveau d’instruction. Les cours du soir se faisaient au-dessus de l’actuelle boucherie Fayolle, l’instituteur était Jean Claude Meynis (1839-1920).

En 1907, les sœurs, sous une façade purement civile, quittent leur école mise sous séquestre et s’installent à l’école de garçons. Procès-verbal fut établi par les gendarmes de Monistrol, à cheval, venus constater la fermeture de l’école le 2 septembre de la même année, Mme Poncet leur a déclaré : “Le 31 juillet dernier nous avons licencié toutes nos élèves et fermé nos quatre classes, que nous ne rouvrirons pas à la rentrée scolaire, mais nous occupons toujours l’immeuble, qui est notre propriété et nous continuons de vivre en communauté puisque nous sommes autorisées comme sœurs hospitalières.”

D’après des renseignements obtenus de Mr Joseph Saby, une religieuse de ce couvent, Madame Durand Maria, natives de Félines, s’est sécularisée pour faire demande de création d’école libre au chef-lieu de la commune de Beauzac, dans un local indépendant. L’école reste sous surveillance : le 8 janvier 1912 procès-verbal des gendarmes de Monistrol : “Avons recueilli, étant en tournée dans la commune de Beauzac, les enseignements suivants de Mme Marianne Poncet, 52 ans : Je suis Supérieure de la communauté depuis 1898, j’ai avec moi cinq dames faisant partie de la même communauté, nous vivons du prix de notre travail, garderie d’enfants de 18 mois à 4 ou 5 ans ; dans nos loisirs nous faisons de la dentelle, de la couture, de la broderie, en somme tous les travaux de couture que les habitants veulent bien nous apporter. Nous faisons également le catéchisme aux enfants de Beauzac qui veulent bien venir. Nous veillons les malades et leur donnons les soins. Avant la sécularisation nous étions 8, deux se sont sécularisées et exercent la profession d’institutrices libres au bourg de Beauzac, elles font leur métier sous les ordres d’un comité.”

Dès septembre 1929 sœur Hélène se consacra toute entière à la bonne marche du premier asile pour personnes âgées “Notre Dame du Bon Secours”.

 

Source : Les amis du vieux Beauzac